Le kappa : le gobelin des eaux.
Le kappa (河童), aussi appelé kawatarō (« garçon de la rivière », en japonais), est une créature mythologique très connue du folklore japonais. Il est décrit comme un gobelin, démon d’eau. Ce petit monstre dont la taille peut varier à celle d’un singe à un enfant (environ un mètre) est réputé pour attirer les humains dans les eaux pour les noyer et les dévorer.
Les kappas vivent principalement dans les eaux (fleuves, rivières, lacs, étangs…) du Nord du Japon. Leur apparence est similaire à une tortue anthropomorphe (pesant environ 50 kg) avec des griffes, un bec et le sommet de leur crâne a un creux rempli d’eau entouré de cheveux. Leur corps peut être recouvert d’écailles, d’une peau de grenouille ou d’une fourrure. Ils possèdent 3 anus qui leur permettent de lâcher des pets très odorants pour se protéger des pêcheurs qui essaient de les capturer. Leur couleur peut aussi varier du vert au rouge en passant par le gris. La légende raconte que les kappas ont la longévité d’une tortue, soit environ 100 ans !
Malgré qu’aujourd’hui les kappas ont une image kawaii (mignonne), sympathique grâce aux mangas et aux jeux vidéos, la créature est très dangereuse pour l’Homme. La mythologie le décrit comme une bête mangeuse d’hommes dont le pêché mignon est la chair des enfants…suivi des concombres ! On raconte qu’ils attirent les pauvres malheureux qui osent s’aventurer près des plans d’eau pour les noyer, les dévorer ou leur voler un organe imaginaire (qui renferme l’âme d’un individu) appelé « shirikodama » situé dans l’anus ! D’ailleurs les enfants qui perdent contre eux au jeu de sumo (jeu qu’ils affectionnent particulièrement) se voient perdre cet organe. Cette légende vient du fait que les kappas dévoreraient les intestins de leurs victimes en commençant par l’anus et leur voleraient ainsi leur âme.
D’autres histoires racontent que les kappas s’amusent à pénétrer dans les villages pour y voler de la nourriture (notamment des concombres), lâcher des gaz, regarder sous les kimonos des femmes et les violer. En effet, les kappas prendraient un malin plaisir à mettre les femmes enceinte de gré ou de force car leur seul moyen de se reproduire est de copuler avec un humain !
Ils sont aussi capable de changer d’apparence pour tromper leurs futures victimes. Ils sont très farceurs et n’hésitent pas à inviter les humains à jouer à des jeux d’adresse et/ou de force au bord de l’eau puis de les emporter dans l’eau par surprise.
Afin de se protéger de ces monstres très intelligents (car ils sont capables de parler le japonais et de jouer au shogi, un jeu d’échec japonais), les populations avaient pour habitude de jeter des concombres (qui sont leur nourriture préférée après la chair des enfants) pour les rassasier et espéraient qu’ils les laisseraient tranquilles. D’autres coutumes veulent que l’on grave son nom sur un concombre et que l’on le donne au kappa. Il s’en souviendrait donc et ne ferait plus de mal à la personne qui lui a offert le légume.
Pour affaiblir un kappa, il est recommandé de lui faire vider l’eau qui se situe dans le creux de sa tête. Cette eau est celle qui donne la force surhumaine à la créature. Pour cela, il faut simplement le saluer en s’inclinant et il en fera de même. Car même si le kappa est un grand farceur, il n’en reste qu’il est très poli ! En effet, il lui arrive d’offrir du poisson, d’aider dans certains travaux agricoles, de soigner des gens et de leur apprendre cet art. Mais cela est seulement possible si une personne l’a aidé ou sauvé d’une mort certaine. Dans ce cas-là, le kappa lui en sera éternellement reconnaissant et tiendra les promesses qu’il aura fait à son interlocuteur humain.
D’autres façons de se débarrasser d’un kappa existent : on peut lui péter dessus, le brûler (car il craint le feu), effectuer des rituels magiques utilisant un concombre, ou alors le battre à un combat de sumo (mais il faut être meilleur que lui) !
De nombreuses histoires relatent les origines des kappas, mais la plus insolite est celle-ci (elle provient d’un ouvrage de Sylvain Jolivalt) :
« Hidari Jingoro devait faire construire un château pour un seigneur. Manquant de main d’oeuvre, il fabriqua 99 poupées de paille. Il leur donna vie et une fois le château construit, il les jeta dans la rivière. Les poupées demandèrent à l’architecte ce qu’elles pourraient bien manger pour survivre. Jingoro leur répondit avec ironie qu’elles n’avaient qu’à manger des anus. Celles-ci le prirent au sérieux et c’est ainsi que les kappas naquirent et que leur étrange régime alimentaire fut ! »